7.5/10Perry Mason - 1ère époque

/ Critique - écrit par riffhifi, le 24/02/2010
Notre verdict : 7.5/10 - Perry durable (Fiche technique)

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Columbo démasque les coupables, Perry Mason sauve les innocents. Mais contrairement à ce qu'on croit souvent, le deuxième a eu les traits d'un Raymond Burr jeune et glabre dans les années 60 avant d'être incarné par un Raymond Burr gros et barbu dans les années 80-90.

Prenons les faits à rebours : pour le public français, le nom de Perry Mason est associé à une série de format 90 minutes, diffusée au début des années 90 sur TF1 pour remplacer occasionnellement les épisodes de Columbo. Le héros était alors un septuagénaire lourd et barbu du nom de Raymond Burr. Mais une dizaine d'années plus tôt, le rôle était tenu par Monte Markham dans une série inédite en France appelée The new Perry Mason. Pourquoi "the new" ? Parce qu'une autre dizaine d'années plus tôt, il était incarné par... Raymond Burr, qui avait alors une quarantaine d'années et un menton rasé. Cette série-ci, qui fait actuellement l'objet d'une édition en coffrets chez Paramount, occupe une place de choix dans
l'histoire de la télévision américaine, dont elle fit le siège durant neuf saisons et 271 épisodes, de 1957 à 1966.

A l'origine, il y a une série de romans écrits par Erle Stanley Gardner à partir de 1933. L'avocat Perry Mason et ses enquêtes efficaces remportent un tel succès qu'une collection de films voit le jour dès l'année suivante : on en compte six de 1934 à 1937. Mais le personnage ne trouve réellement son interprète qu'en 1957, en la personne d'un Raymond Burr approuvé par l'auteur. Vu trois ans plus tôt en voisin soupçonnable dans Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, il possède une présence massive et un regard de hibou qui en font un choix assez chouette pour le rôle. Autour de lui, une assistante potiche et un détective privé occupent la place dévolue dans Columbo au chien et à la voiture : ce sont essentiellement des éléments de décor. La comparaison avec Columbo, on y revient nécessairement tant les éléments de parallèle sont nombreux. Si Mason n'a pas le côté drolatique du lieutenant à l'œil de verre, ses aventures sont elles aussi construites sur une structure immuable et sécurisante, tel un sonnet : ...

  1. une poignée de personnages sont présentés au public
  2. l'un deux vient consulter Perry Mason pour une question juridique
  3. un crime est commis, le client de Mason est arrêté dans la foulée par le lieutenant Tragg
  4. Mason fait un brin d'enquête
  5. le procès a lieu (ou plutôt une audience préliminaire, ce qui évite la présence d'un jury inutile pour l'épisode), à l'issue duquel Perry Mason innocentera son client et démasquera le coupable, au grand dam du procureur Hamilton Burger (celui qu'on n'appelle pas le King, mais qui dit
    Cheese pour les photos).

Le tout en l'espace de cinquante minutes chrono, générique compris. De mémoire de spectateur, Perry Mason n'a jamais été mis en échec (on l'appelle d'ailleurs le Perry maître). Il ne défend que des innocents, et ne fait pas de discrimination sociale parmi ses clients (il accepte même les aliens, sous réserve que « E.T. téléphone Mason »). Il mène ses plaidoiries avec un panache indéniable (c'est le Perry style), et on regrette qu'il ne soit pas également imitateur, ce qui aurait permis de glisser quelque part que « Perry fait Rick ». En clair, c'est un héros à l'ancienne, irréprochable malgré ses occasionnelles entorses aux lois, et l'intérêt des épisodes réside davantage dans l'astuce des intrigues que dans l'humour de ses réparties. Bénéficiant heureusement d'une rigueur d'écriture et de réalisation sans faille, la série reste un plaisir à regarder malgré ses cinquante ans d'âge. Même s'il convient d'éviter d'enchaîner les épisodes (le côté "formule" étant assez rigide, on aurait l'impression de danser la valse tout une nuit : 1, 2, 3, 1, 2, 3, 1, 2, 3...), il est impossible de trouver Perry pathétique.