Où sont passés les génériques de nos séries télé ?

/ Article - écrit par riffhifi, le 29/10/2007

Tags : generique series saison generiques title sont musique

Les séries télé, depuis cinq ou six ans, ont atteint un pic de popularité jamais vu depuis la naissance de la petite lucarne. Que le phénomène soit dû à la feignantise des spectateurs ou au contraire au travail acharné des scénaristes, le résultat est là : le medium emploie quelques grosses pointures du grand écran (Quentin Tarantino, Bryan Singer, Barry Levinson, Kevin Smith...), les audiences flambent, et les coffrets DVD se vendent comme des petits pains malgré leur prix conséquent et le temps de visionnage insensé qu'ils représentent pour le spectateur normal (comprendre : pas le geek asocial qui a renié femme, enfants et vie professionnelle pour se taper l'intégrale de Star Trek en boucle).

Conséquence de cette consommation massive d'épisodes, le générique raccourcit. Car le spectateur qui avale dans la même soirée cinq épisodes de sa série favorite finit par se lasser d'un générique de deux minutes qu'il finit par trop bien connaître. Sobriété, sobriété
Sobriété, sobriété
Exit donc les accents immortels du thème d'Amicalement vôtre composé par John Barry et joué au Qanûn, un instrument à cordes iranien ; exit les sifflements étranges composés par Mark Snow pour X-files ; exit même les fondus fébriles et éthérés du générique d'Urgences primé en son temps aux Emmy Awards (et dont le thème était composé par James Newton Howard), puisque depuis la saison 13 il est remplacé par un bête jingle de huit secondes.
Cette tendance, amorcée par des séries comme Scrubs et son générique ultra-court, trouve son apogée dans 24 ou Lost, qui affichent tout juste leur titre, avant de foncer bille en tête dans l'épisode, les crédits étant négligemment affichés dans un coin de l'écran alors que l'intrigue se déroule. Ce besoin de rapidité, d'immédiateté, est également visible au cinéma, où certains films d'action trouvent le moyen de ne pas même afficher leur titre avant le générique de fin (Miami Vice).
D'une façon générale, il est devenu de bon ton de ne plus s'étendre sur la nature d'une oeuvre dès lors qu'on la considère suffisamment connue. Ce snobisme mène à faire la promotion de certains films de super-héros en ne montrant que leur logo, ou de ne parler du nouveau Mission: impossible que sous la forme de M:I... Ou, dans un autre domaine, de ne plus faire la promotion de Nike qu'en montrant un simple trait tordu, dépouillé du nom de la marque !

Sous couvert de modernité, on remarquera quand même que cette course à la brièveté ne fait que répliquer les génériques des séries des années 50 (MaverickAu nom de la loi), dont la sobriété était dictée par le manque de moyens et le mépris accordé aux séries télé, dont il fallait alors réduire le temps de présence à l'écran.
Cette évolution ne serait-elle qu'une régression ? Rendez-nous les génériques complets et imaginatifs !