4/10Nouvelle Star - 2008

/ Critique - écrit par Luz et knackimax, le 30/06/2008
Notre verdict : 4/10 - A quand la star des nouvelles stars ? (Fiche technique)

Tags : star nouvelle amandine album bourgeois jury benjamin

Retour sur la Nouvelle Star 2008, qui a fait verser beaucoup d'encre avant l'été. Essoufflement du concept ? Lassitude du public ? Ras-le-bol des médias ?

Le concept n'est pas nouveau, disons même qu'il commence à sentir le réchauffé car c'est tout de même la 6ème année consécutive que la chaîne nous le propose. Cette nouvelle édition a bien évidemment prévu un lifting pour l'occasion : on change de jury dans un premier temps, puis on va ensuite faire légèrement migrer le concept, histoire de dynamiser l'ensemble et faire écho aux nouvelles caractéristiques de celui-ci composé de Lio sans banana split, Philippe Manœuvre et ses lunettes, Dédé Manoukian et Sinclair, vieux chanteur espérant sans doute relancer sa popularité grâce à l'émission. Remettons-nous en situation... Ouh, ca c'est du moderne, du fun, du rock'n'roll !
Ouh, ça c'est du moderne, du fun, du rock'n'roll !

Le groupe ressemble donc un peu plus à... un groupe. La cohésion est bonne et cela se ressent dans les craquages nerveux de l'équipe, comme dans ses multiples moments de rigolades sincères, capturés par les caméramans de la production et leur goût de la mise en scène "insolite". Chacun son rôle, la mère, le nostalgique du Rock, le séducteur et l'impartial. Malgré son air bon enfant, le jury n'en reste pas moins aussi impitoyable que la précédente mouture (non, pas pitoyable) : dur, cynique, incorruptible, et rigide face aux performances des candidats, et comme vous pouvez vous en être rendu compte, ce n'est pas toujours une mince affaire.

Sur fond de road trip avec une groupie blonde dans le rôle de l'animatrice et chauffeuse de salle, nos mousquetaires du bon goût musical ont parcouru les villes et campagnes à la recherche de chanteurs de blues, leaders pop, musiciens rock et autres voix à faire fissurer les murs de la chansonnette internationale. Car avant les lives au théâtre Baltard, les castings sont devenus une étape primordiale de cette émission, remplissant plusieurs semaines de diffusion, ils restent tout à fait captivants, que ce soit par le rire, souvent, ou par l'étonnement, rarement. Tout y passe, ou plutôt tous, et parfois ça casse, (les oreilles, les pieds, voire même ça casse tout court). Si on peut objecter que le changement n'est pas flagrant, il est pourtant concret car l'ambiance est, grâce à tous ces efforts, bien plus sympathique que dans les précédentes éditions en tout cas pour ce qui est de la sélection. On sent Lio vibrer pour ses candidats chouchous et devenir impassible avec ceux qui la saoule alors que Monsieur Manœuvre s'entête à demander du rock à toutes les sauces et que Sinclair fait le bougon un peu rigide tout en prenant un certain plaisir à critiquer de manière constructive ce qu'il entend de bon.

Ca sent le(s) vieux par là...
ça sent le(s) vieux par là...
On sent la pression monter toujours dans cette première étape en deux parties. Les essais scéniques au théâtre permettent de moissonner les têtes et d'avoir accès à de très bons moments lors des chansons en trio ou quatuor ainsi que les premiers craquages et les derniers moments d'hésitation des éléments moins sûrs d'eux. La sélection devient donc de plus en plus impitoyable et se fait avec une certaine finesse mêlée d'efforts bruts et de moments forts. Le microcosme se forme et on sent la vie qui commence à s'en dégager, les intentions qui se précisent, les caractères qui s'affirment. Il s'agit en tout cas d'un beau travail de compilation qui garde l'attention du spectateur comme si un documentaire sociologique à multi-facettes était en train de nous émerveiller. Cet émerveillement étant partagé avec le jury, lors de ses propres scènes documentaires tel un making of, est un sentiment très puissant.

Toutefois, malgré ces nouveaux ingrédients un peu piquants, la partie show reste tout aussi agacante et s'est vue affublée de moments du type "il n'y a que la vérité qui compte", maniant les petites minutes sentimentalo-niaiseuses. On a tout autant l'impression de se faire mener en bateau que de découvrir avec intérêt comme cité précédemment. Au cours de ces minis reportages bouleversants d'humanité et autres coups de théâtre orchestrés avec lourdeur on nous fait pleurer dans les chaumières. C'est à la limite si on ne nous propose pas de porte-clefs pour sauver la maman qui participe a l'émission pour le bonheur de son fils alors que celle ci à une voix très belle qui s'impose d'elle même. Là où on n'a en fait envie que de musique, on nous sert la mort du père du neveu de la sœur du demi-frère, voire la femme enceinte jusqu'aux genoux, qui viendront sur l'ensemble gâcher le plaisir de l'écoute musicale, au bénéfice d'un spectacle inutile, dommageable. Les candidats de qualité étaient nombreux cette année et méritaient à eux seuls une émission un peu plus digne.

Amandine, nouvelle star 2008
Amandine, nouvelle star 2008
De plus, et c'est là le principal défaut de l'émission, ce n'est pas vraiment le jury qui décide du sort des candidats, mais le public, et comme on le sait, celui-ci reste peu objectif face à ses "idoles de la télévision" préférant alors les critères physiques aux critères techniques et criant des, je cite : "Amandine elle est trop sexy". Comme chaque année, le jury se retrouve donc à râler sur les choix réalisés par ce même public quant aux départs des candidats. En voyant partir ceux qu'ils ont congratulés en les peignant de néons bleus, ils vocifèrent des menaces et se complaisent dans un système qui continue, certes, à faire une audience monstre mais qui décrédibilise fortement la suite des événements. Du coup, en tant que spectateur, on doute du sérieux de la chose, et cela crée un certain fossé. Ce fossé géant qui aurait pu faire passer l'émission de variété au statut supérieur. Et c'est ce qui nous fait dire que zapper une fois sur celle-ci, okay, deux fois, pourquoi pas, trois fois, non, ça serait de trop. Certes ce sont les règles de l'émission mais celles-ci manquent d'équilibre et il serait bon que les concepteurs y pensent pour la prochaine édition car c'est dans celle-ci que nous observons vraiment de jeunes talents et la qualité même de leurs prestations est incroyable. Amandine est une jeune Tina Turner en puissance qui gagne heureusement cette finale mais face à un adversaire vraiment en dessous en terme de capacités techniques. Ceci étant il avait vraiment l'air sympa.

Autrement dit, arrivés à la fin de la saison, il faut écouter les performances des jeunes chanteurs en faisant son repassage, en préparant son repas, et non fixer l'écran le temps de l'émission entière, histoire de ne pas sombrer dans le divertissement non divertissant. N'oublions pas que la musique s'écoute avant tout pour le plaisir des oreilles... essentiellement. Mais on vous mentirait, en s'offusquant, en vous disant que si Lorie ou Patrick Bruel avaient été hideux ils auraient vendu autant de disques alors que ce n'est pas vrai pour ces autres inconnus qui sont arrivés à la gloire, mais quelle présence ils avaient sur scène... Vous voyez de qui on vous parle ? Des compagnons de la chanson bien sûr !