7.5/10Monty Python's flying circus

/ Critique - écrit par riffhifi, le 13/06/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Et maintenant quelque chose de complètement différent… (Fiche technique)

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Et maintenant quelque chose de complètement différent…

A la fin des années 60, la BBC commet l’imprudence de confier une tranche horaire tardive et un budget dérisoire à une poignée d’humoristes modérément connus, qui se rebaptisent pour l’occasion les Monty Python. Cinq Anglais (d’origines diverses mais raffinées : la plupart sont diplômés en droit ou de médecine) et un Américain (Terry Gilliam, en charge des films d’animation), qui entreprennent de donner ses lettres de noblesse à la version la plus célèbre de l’humour britannique : le nonsense.

La série, contrairement à l’idée communément répandue, suit un scénario très clair : il s’agit d’une émission qui relate l’effet des poids de 16 tonnes appliqués aux… non, plutôt de la confrontation entre un chevalier armé d’un poulet et le… ou alors de la vie d’une boîte d’allumettes qui… Bon d’accord, rien à faire, on ne peut pas expliquer de quoi parle Monty Python’s flying circus. On peut déjà s’estimer heureux lorsque les génériques de début et de fin sont situés à peu près à leur place respective.

Eric Idle, Graham Chapman, Michael Palin, John Cleese, Terry Jones, Terry Gilliam
Eric Idle, Graham Chapman, Michael Palin,
John Cleese, Terry Jones, Terry Gilliam
Dans les 30 minutes d’intervalle, les Python moulinent avec une énergie et une indécence inconcevable le plus silly des humours. Un client mécontent vient expliquer qu’on lui a vendu un perroquet mort ; la Terre subit l’attaque de yaourts géants venus du fond de l’espace pour transformer les humains en Ecossais ; une émission de télé est présentée par des arbres… Le seul lien logique qui relie un sketch à l’autre est généralement un petit dessin animé signé Terry Gilliam, dans lequel les personnages sont susceptibles de passer d’un décor à l’autre par les péripéties les plus absurdes, en tombant dans un tuyau ou en étant mangé par une porte ! Les cinq compères (Gilliam joue peu) se partagent la quasi-totalité des rôles, interprétant chacun toutes les tranches d’âge, toutes les catégories socioprofessionnelles et tous les sexes… On peut voir en eux les inspirateurs de bon nombre d’humoristes modernes, notamment nos concitoyens les Nuls ou les Inconnus. Ce qui est moins connu, c’est que les Monty Python ont eux-mêmes été largement influencés par le Goon Show, une émission comique des années 50 animée par Peter Sellers et Spike Milligan.

L’atout des Monty Python est de ne pas s’arrêter à l’humour idiot, aussi débridé soit-il. En réalité, sans avoir l’air d’y toucher, ils s’attaquaient dans leur série à tous les sujets qu’on peut concevoir de parodier dans le monde moderne : rien n’y échappe, aucune religion, aucune institution, aucun peuple, aucune époque. Avec ce sens de l’égalité impitoyable que l’on retrouvera (en plus violent) dans leur dernier film Le sens de la vie, ils se rient de tout et de tout le monde, y compris bien entendu de leur propre britannicité. S’ils commencent une émission par une satire du film prise de chou (littéralement !) à la française, c’est pour mieux enchaîner sur une vision mordante de la logique hollywoodienne, qui n’hésitera pas à confronter ses personnages perdus dans l’antarctique à un lion… féroce…

Si les deux premières saisons enchaînent avec enthousiasme les sketches d’anthologie, il faut reconnaître que la troisième accuse une baisse de qualité évidente, les thèmes et leurs auteurs ayant une fâcheuse tendance à tourner en rond, engoncés qu’ils étaient dans les studios de la BBC. Les épisodes y sont souvent terminés à grands coups de fumisterie (du style : « bonsoir, on est désolés, il nous manque trois minutes, alors on va vous montrer une plage vide » - authentique). On y trouve cependant quelques moments gratinés comme le pique-nique sanglant, précurseur évident de la scène du chevalier noir dans Sacré Graal, ou encore la partie de cache-cache mondiale… Mais la quatrième et dernière saison, privée de la présence de John Cleese, ne durera que 6 épisodes au lieu de 13, et poussera les Python à concrétiser leur envie de passer au grand écran, ce qu’ils feront l’année suivante avec Monty Python : Sacré Graal.

Malgré ces derniers épisodes fatigués, Monty Python’s flying circus reste une source de rire intarissable, une date dans l’histoire de la télévision, et une référence à laquelle ses auteurs ne peuvent plus échapper.
Car que sont-ils devenus, ces agitateurs des années 70 ? Graham Chapman, le plus turbulent par son homosexualité militante et son alcoolisme handicapant, est malheureusement devenu mort à cause d’un cancer en 1989. John Cleese est devenu l’acteur comique anglais le plus convoité des années 80/90, bien que sa carrière aujourd’hui soit principalement faire d’apparitions en guest-star (Harry Potter, James Bond). Terry Jones et Terry Gilliam sont devenus réalisateur, le deuxième avec plus de succès que le premier. Michael Palin est devenu retraité. Et Eric Idle a entrepris ces dernières années de faire revivre les grands moments de Monty Python à travers de fastueuses comédies musicales à Broadway : la première, Spamalot, était une adaptation de Sacré Graal avec Tim Curry, et il prépare actuellement l’équivalent pour La vie de Brian… L’esprit du groupe n’est pas encore mort !