Guillon prend la porte, Porte aussi.

/ Article - écrit par Sylvain, le 24/06/2010

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La réelle actualité du moment ce n'est pas les turpitudes de l'équipe de France, non, l'actualité réelle et inquiétante en France, c'est le licenciement des deux bouffons de service que sont Didier Porte et Stéphane Guillon. Mais pourquoi me direz-vous ? En effet, pourquoi ? Et bien tout d'abord car cette nouvelle étape de la vie de la radio publique est symptomatique du malaise de notre pays.

On y voit le président du groupe Radio France (Jean-Luc Hees) qui tient un discours des plus étonnants : « Je considère que cette tranche d'humour est un échec. Elle a montré une grande misère intellectuelle dont je ne m'accommode pas » immédiatement suivi de « Ce qui ne fait pas rire à 7h55 ne me fera pas plus rire à 3 heures du matin ». Que doit-on comprendre ? Qu'un lampiste nommé par notre Président ne rigole pas en entendant Guillon, et que ce dernier mérite donc la porte ? Que ce même lampiste n'a jamais lu Bergson, qui montre brillamment que le rire est associé à la critique sociale, et que le but de ce créneau humoristique n'est pas nécessairement de faire du comique à la Benny Hill ?

Le même nous dit également « Quel patron d'une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner », Mais Jean-Luc (vous remarquerez que je me prête à une familiarité de mauvais aloi, mais moi je ne travaille pas à Radio France, et chez Krinein le patron est cool, donc c'est bon), tu t'égares. Patron de quoi ? Jean-Luc Hees est le président d'une société de service public dont le chiffre d'affaire est composé à plus de 85% de la redevance, donc des impôts. Et ce n'est pas parce qu'il est nommé par le Président de la République qu'il est à ses ordres (car il a été aussi évoqué l'appel instantané de l'Elysée concernant Didier Porte comme raison de ces départs). En fait le vrai patron de Radio France (l'actionnaire comme le dit Val), c'est le Français moyen qui paie la redevance, et personne d'autre. Bien sûr il faut un pilote dans l'avion, mais le pilote devrait savoir rester un peu humble de temps en temps.

Mais ce qui me gêne le plus dans cette histoire, c'est en fait le comportement de Philippe Val. En effet, ce dernier est devenu pour moi le parfait exemple de la dilution de l'intégrité intellectuelle dans la tentation du pouvoir. Où sont passés les beaux discours d'antan, l'ode à la démocratie ? Je pourrais faire une réponse de geek au ton fort déplacé tant il est clair que depuis quelques temps les actes ne sont plus corrélés aux discours du passé. Etre aux ordres du pouvoir, de manière aveugle et juste pour sa gloire et son confort personnel, c'est fort loin d'un idéal anarcho-libertaire dont il se réclamait il y a maintenant longtemps.

La conclusion ne sera pas de moi, mais de Thomas Hobbes (tiré du Léviathan) :

« Et si l'on se montre partial en faveur des grands, voici les conséquences qui s'ensuivent : l'impunité engendre l'insolence, l'insolence engendre la haine, enfin, fait qu'on s'efforce d'abattre toute grandeur oppressive et injurieuse, fût-ce au prix de la ruine de la république. »