6/10Le Frelon Vert

/ Critique - écrit par riffhifi, le 16/12/2010
Notre verdict : 6/10 - Hors(net)-la-loi (Fiche technique)

Produite par la même équipe que le Batman pop des années 60, la série consacrée à Green Hornet (traduit alors par Le Frelon Vert) n'a pas connu le même succès. Mais a permis à Bruce Lee de s'imposer auprès du public occidental.

Le 19 janvier, The Green Hornet sera un film d'action mâtiné de comédie, réalisé par Michel Gondry avec Seth Rogen, Jay Chou, Cameron Diaz et Christoph Waltz. Il ne faudrait pourtant pas que cette sortie éclipse les origines véritables du personnage et de son acolyte Kato, apparus pour la première fois il y a plus de soixante-dix ans. D'abord héros d'une émission de radio en 1936, les deux hommes se voient rapidement propulsés à l'écran (deux serials dans les années
40) et sur papier (un comic book est lancé dès 1940) ; parallèlement, ils continuent leurs aventures radiophoniques jusqu'en 1952. Green Hornet (parfois appelé Frelon Vert en français, dans le cas de traductions zélées) est en réalité Britt Reid, rédacteur en chef d'un quotidien américain ; accompagné de son chauffeur asiatique Kato, il sillonne les rues de la ville durant la nuit, feignant d'être un malfrat pour mieux combattre les véritables ennemis de la loi.

En 1966, les producteurs du Batman giga-kitsch avec Adam West (qui incarne presque à lui seul la culture pop du moment) décident dans la foulée de remettre au goût du jour ce Frelon Vert tombé en désuétude. On ne change pas une formule qui marche : les réalisateurs sont les mêmes, les musiques sont orchestrées de façon semblable, la Black Beauty du duo surgit de passages secrets aussi farfelus que ceux de la Batcave... et les acteurs principaux sont deux illustres inconnus, chargés de s'effacer derrière les masques de leurs personnages. Dans le rôle de Britt Reid, le dénommé Van Williams livre bien une performance transparente de beau gosse standard, mais le comédien choisi pour incarner Kato brille très vite par ses aptitudes martiales exceptionnelles. Son nom ? Bruce Lee. Né à San Francisco sous le nom de Lee Jun Fan, il apparaît à l'écran dès l'âge de 11 ans, puis mène une carrière de jeune star à Hong Kong au
cours des années 50. Le Frelon Vert constitue l'occasion pour lui d'atteindre un public occidental. Son rôle est pourtant sévèrement limité : conduire la voiture, taper les méchants ; ses dialogues ne dépassent généralement pas les deux phrases par épisode. Mais grâce à la relative lourdeur des scénarios, dans lesquels il ne se passe finalement pas grand-chose (l'aspect humoristique de la série jumelle Batman est ici quasiment absent), et au peu de compétence de Van Williams dans les scènes d'action, les démonstrations de kung-fu déployées par Bruce Lee éclatent comme autant de joyeux pétards aux yeux des spectateurs. Petit à petit, l'attention se porte uniquement sur Kato : la série est vendue sur son nom en Asie, Lee se voit offrir des rôles de guest dans L'homme de fer ou le film La valse des truands, et le public réserve un triomphe à ses films de kung-fu (que l'on appelle alors « films de karaté », par ignorance) au tout début des années 70. La série consacrée au Frelon Vert n'aura pas survécu longtemps à la popularité de son personnage le plus secondaire : au bout d'une saison, les producteurs jettent l'éponge, non sans avoir pris le temps d'orchestrer un crossover avec les voisins Batman et Robin (dans le double épisode A Piece of the Action / Batman's Satisfaction).

De cette curiosité des années 60, tardivement diffusée en France dans l'indifférence générale, on ne retient généralement que son générique, reprise électrisante du Flight of the Bumblebee de Nikolai Rimsky-Korsakov... mais son usage n'est qu'une tradition héritée de l'émission radiophonique des années 30.