4/10Bodoï

/ Critique - écrit par iscarioth, le 29/11/2005
Notre verdict : 4/10 - Quel intérêt ? (Fiche technique)

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A une époque où se développent l'information et la presse en ligne, on peut se poser la question de l'utilité de certains magazines spécialisés, notamment de ceux traitant de la bande dessinée. Bodoï est peut être le plus populaire des mensuels d'information, de critique et de prépublication de bande dessinées franco-belge. A l'heure d'Internet, le magazine représente-t-il encore un rendez-vous immanquable pour les amateurs de bandes dessinées ?

Prépublication ou Preview ?

Ce que l'on peut déjà remarquer, c'est qu'un peu plus de la moitié de chaque numéro de Bodoï est consacrée aux prépublications. Le magazine publie quelques planches d'albums ne devant paraître que dans le ou les mois qui suivent. Premier constat ; ces prépublications ne concernent que les « blockbusters » de la BD : Carmen Mac Callum, Tramp, Largo Winch... Bodoï ne met jamais en valeur les ouvrages de petites maisons d'édition et rarement les premiers tomes de nouvelles séries (à part celles derrière lesquelles il y a des auteurs très connus). Deuxièmement, on peut remarquer que de nos jours, la plupart des éditeurs proposent aux lecteurs que nous sommes de venir consulter les prépublications de leurs albums en ligne. On notera l'exemple fameux de la Read Box de Dargaud, qui prépublie les quinze premières pages de presque tous les albums de la maison d'édition. On note donc un intérêt très limité pour une rubrique qui mange tout de même la moitié de la pagination du magazine...

N'ayez pas peur, il ne mord pas

Bodoï investit aussi le domaine de la critique d'albums. Leurs critiques sont assez courtes, on en trouve généralement quatre ou cinq par page et donnent bien souvent plus dans le descriptif que dans l'analyse. Le ton est très rarement acerbe et même si le nombre d'étoiles décernées à l'album est faible, le commentaire assorti est toujours très lisse et courtois. Encore une fois, la toile pullule de webzines de critique de bande dessinées : Toutenbd, ActuaBD, BulleDair, pour ne citer qu'eux. On retrouve sur ces sites des critiques autrement mieux construites et plus étoffées que dans Bodoï. Le seul avantage du magazine sur ses concurrents virtuels, c'est que dans Bodoï, les albums sont critiqués « à l'avance ». Un album chroniqué à un moment par l'ensemble des sites dédiés l'aura souvent été un mois auparavant par Bodoï.

Une faiblesse généralisée

L'intérêt du magazine est aussi quasi nul pour ce qui est de l'information. Le rôle informatif des magazines de BD a été supplanté par une série de sites web, Actuabd en tête, très bien organisés, qui proposent un système de news au jour le jour. Les infos de Bodoï sont soit des faits divers soit des faits périmés... La seule véritable qualité de Bodoï, c'est la série d'interviews que le magazine publie chaque mois. Des interviews bien illustrées et qui collent à l'actualité des sorties.


On l'a vu avec les problèmes rencontrés par Bédéka, le magazine spécialisé BD doit savoir se penser autrement, à une heure où les procédés de communication et d'information sont en plein changement, principalement sous l'impulsion du Web. Bodoï est à ranger à coté de Bandes dessinées magazine ou de Bédéka, car il ne propose pas une autre vision de la BD : pas d'écrits de théorisation, pas de ressources thématiques intéressantes ni de valorisation des catalogues des petits éditeurs... Bodoï reste cantonné dans l'encadre promotionnel des blockbusters du neuvième art et ne se distingue aucunement par un véritable franc parler. Certains grands bédévores impatients y trouveront peut être leur compte avec les prépublications, mais pour les autres, le magazine est devenu parfaitement inutile...