8.5/10Alias

/ Critique - écrit par Djak, le 18/01/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Saison 1 (Fiche technique)

Tags : alias anglais mail jennifer fichier garner saison

« Je m'appelle Sydney Bristow.
Il y a sept ans de cela j'ai été recrutée par une branche secrète de la CIA, le SD-6. On m'a fait jurer de garder le silence sur mes activités, mais je n'ai pu dissimuler ce secret à mon fiancé. Et lorsque le responsable du SD-6 l'a découvert, il l'a fait exécuter. C'est alors que j'ai appris la vérité : le SD-6 ne fait pas partie de la CIA, je travaillais en fait pour l'ennemi que je pensais combattre. Je me suis donc tournée vers la seule organisation capable de l'anéantir. Je suis désormais un agent double de la CIA, où mon intermédiaire est un certain Michael Vaughn. Une seule autre personne connaît la vérité à mon sujet, un autre agent double au sein du SD-6, un homme que je connais à peine : mon père ».

Les apparences sont parfois trompeuses.

C'est sur ce court monologue que débute chaque épisode des premières saisons. Un moyen efficace de se replonger dans l'histoire, une astuce pour comprendre dans les grandes lignes la série Alias si l'on a raté le début.
Pourtant, résumer Alias c'est bien plus que ce monologue de quelques lignes. En effet, cette série créée par J.J. Abrams est très certainement une des séries les plus compliquées jamais produites. Si au début de la première saison tout peut paraître assez claire, le spectateur va vite comprendre qu'il va lui falloir être assidu et concentré pour bien saisir toute la trame de la série. Car au fil des épisodes, les révélations s'enchaînent alors que paradoxalement les mystères s'épaississent. Comme son nom l'indique, la série Alias joue sur les doubles personnalités. Ainsi, presque tous les protagonistes ont, à la manière de Sydney, des secrets. Et c'est sûrement de cet axiome de la série que provient le succès de Alias. Tout d'abord, les scénaristes ont du travailler avec application les personnages pour apporter de la crédibilité sur le long terme. On peut alors être certain que chaque protagoniste a un rôle important à jouer et qu'il n'est pas là pour faire de la figuration. De fait, tous les personnages sont savamment construits de bouts en bouts. Des personnages secondaires, celui de Will Tippin par exemple, prennent grâce à leur consistance une part importante dans l'intrigue. Bien que la série et donc l'action soient centrées sur Sydney et son travail au SD-6 et à la CIA, les scénaristes n'oublient pas de faire évoluer le monde qui l'entoure. On suit donc Will dans son métier de journaliste qui va peu à peu le conduire à découvrir la vérité concernant Sydney. Aussi, les histoires d'amour de Fran, l'amie de Sydney vont jouer un rôle sur le développement de l'histoire.
En outre, cet axiome permet, en plus de rendre les personnages plus consistants, d'ajouter du suspense à l'intrigue. Derrière chaque personnage se cache souvent un passé assez sombre et rempli de mystères. Au final, on apprend rapidement avec Alias que l'habit ne fait pas le moine et que les apparences sont souvent trompeuses.

James Bond Girl ?

« Mon nom est Bristow, Sydney Bristow ». Ce ne serait pas une surprise que l'héroïne de Alias puisse ainsi se présenter devant de beaux inconnus. Car si Sydney est une fille, c'est bien une des seules différences qui la différencie de James Bond. Sydney Bristow est en quelque sorte la James Bond des temps modernes. Sydney est une combattante née maîtrisant en particulier les coups de pieds retournés (à en faire pâlir Jean Claude Van Damme) et une championne du tir à haute précision.
Mais ne l'oublions pas, la force d'un agent secret est avant tout sa discrétion et sa capacité à endosser n'importe quel rôle : un vrai caméléon que voilà. Et c'est sur ce point que Sydney Bristow fait mal. Là où Bond ne veut pas lâcher son costard, Sydney n'hésite pas à se transformer dans chaque épisode. Perruques, maquillage, déguisements...la totale. Surtout, soyons francs, Jennifer Garner est bien plus photogénique que n'importe quel Bond. Et cela les producteurs l'ont bien compris et exploitent le filon. Sydney n'a ainsi même pas peur d'effectuer des missions sur le terrain en talons aiguilles et minijupes. Voir dans certaines occasions de sortir les sous-vêtements et bikinis. On leur pardonnera car un rien lui va.
Enfin, un agent secret ne serait rien sans des gadgets à foison. Ici encore, la jeune agent secret n'a pas à jalouser 007. Marshall, le ‘Q' de Sydney est la pour lui fabriquer mini caméra, appareils photos, armes diverses ou encore pour infiltrer des systèmes de sécurité.

Résultat final : James Bond out.

Alias : Aux frontières du réel.

(Attention : Afin de pouvoir développer une analyse critique minimum de cette série des spoils sont possibles donc si vous ne voulez ne pas vous gâcher les surprises, passez votre chemin)

Si les scénaristes apportent un soin tout particulier à la réalité du protocole de déroulement des missions ou encore aux matériels utilisés par Sydney, il en est tout autre lorsque il s'agit de Rambaldi. Derrière ce nom se cache « le moteur » des missions de Sydney. Rambaldi serait un inventeur italien mort il y a des siècles. Il aurait vu l'avenir et aurait à la manière de Nostradamus fait un bon nombre de prophéties. Pour aider les générations à retrouver ces prophéties (qui pour le moment se sont toutes avérées exactes) il aurait disséminé dans le monde des objets et des indices. Les révélations de l'homme étant apparemment spectaculaires, de nombreuses personnes courent après. Sydney, par l'intermédiaire du SD-6 puis par celle de la CIA va donc elle aussi être sur la piste des objets de Rambaldi. Cette quête prend une part importante des missions de Sydney et même de toute la trame du scénario de Alias. Car au fur et à mesure les révélations vont se faire plus précises, plus énigmatiques mais surtout vont impliquer Sydney plus qu'elle ne l'aurait imaginée.
L'énigme Rambaldi, part importante du scénario mais aussi très certainement du charme de Alias est en quelque sorte la seule entorse fixée par les scénaristes par rapport à notre monde réel. Entorse bien vue car elle ajoute une part de magie et de folie qui rend Alias bien plus attrayant, distinguant la série des autres séries d'espionnages ou de police. En outre, cette part d'ésotérisme renforce le suspense puisque le spectateur sait que tout n'est pas logique dans Alias et qu'un élément inexplicable est possible.

UNE FAMILLE EN désORdre

Dans la première partie, on a vu des personnages creusés à la personnalité approfondie. Logiquement, un soin tout particulier a été apporté à la famille de Sydney. Dès les premiers épisodes on apprend que Sydney a perdu sa mère dans un accident de voiture alors qu'elle était très jeune et que son père s'est peu à peu détaché d'elle. Ainsi, les Bristow ne sont pas très famille. Et ceux pour notre plus grand plaisir car l'absence de nouvelles des membres de la famille de Sydney pendant presque toute sa vie va permettre au spectateur de découvrir en même temps que l'héroïne sa famille et les secrets qui la concernent. Et en matière de secrets et de mensonges je crois que l'on peut sans discuter leur attribuer une palme d'or. Les Bristow ont le nez long.
Ainsi, en parallèle des missions de Sydney, celle-ci va en apprendre de plus en plus sur sa famille. Et les révélations vont tomber. Un père agent secret, une mère pas si enterrée que cela, des tantes, et encore bien d'autres membres proches seront de la partie.

Too much ?

Si le principe d'Alias mais aussi son succès tiennent aux rebondissements, ceux-ci peuvent se révéler au contraire un défaut majeur. En effet, plus les révélations tombent, plus les producteurs doivent se creuser la tête pour en trouver d'autres encore plus rocambolesques. Se créé alors une escalade dans le sensationnel et au fur et à mesure dans le presque n'importe quoi. Au final, ce désir, inhérent à la série, des scénaristes de toujours vouloir étonner le spectateur a un revers de médaille : il risque de le blaser.
De plus, à force d'enchaîner les retournements de situations, l'histoire perd en crédibilité. Les relations des personnages en prennent un coup et ne sont plus naturelles. A moins que eux aussi soient épuisés de ces changements ?
Dommage donc. D'autant plus que si dans la première saison ces révélations étaient de véritables cliffhangers à chaque fin d'épisode, ils sont dorénavant devenus beaucoup moins saisissants.
La saison 04 étant la plus flagrante qui abonde dans ce sens. Les scénaristes fatigués ou tout simplement en manque d'inspiration ont en effet pour une bonne partie de cette dernière saison en date décidé d'éviter les épisodes qui se suivaient pour proposer pendant plus ou moins la moitié de la saison des "looner épisodes". C'est à dire des épisodes qui ne suivent pas. La fin de saison, les quelques guest-stars et le cliffangher de fin ne remontent malheureusement pas le niveau de cette saison qui se conclue en demi-teinte.

Alias : Born to be culte

Si Alias n'avait pas eu le succès escompté, on aurait pu être en droit de se poser des questions. Car depuis le début tout a été fait pour que cette série soit en véritable carton. Passons sur le scénario aux multiples rebondissements déjà abordés plus haut. Laissons de côté la plastique superbe et le charme fou de l'héroïsme. Enfin oublions qu'Alias est aussi une série grand public avec ses histoires d'amours et de familles et surtout son lot d'action.
Bref, concentrons nous sur les détails qui à n'en pas douter ont permis à la mayonnaise de prendre.
Sydney voyage beaucoup dans chaque épisode, environ quatre destinations pour chaque. Résultat, des musiques diverses et variées, mais surtout un bon nombre de morceaux très rythmées, péchues et assez connues. En faire un listing complet serait très laborieux donc en voici seulement un échantillon : Never grow old des Cramberries dans l'épisode 1x01, Tornado de Garbage 1x06, Shoot the moon de Norah Jones 1x14, Landslide des Smashing Pumpkins 1x15, etc ... Pas besoin d'aller plus loin je pense.
La série a fait extrêmement rare, bénéficié d'une promo spéciale tout au long de sa diffusion. Pour ceux qui connaissent un peu Alias, ils auront certainement remarqué qu'à chaque destination, une lettre apparaît entourée. Ce que beaucoup de spectateurs ignorent, c'est que cette lettre a une signification. Elle est en fait une partie d'un code secret lui-même relié à un plus grand jeu lancé par HBO. Sans avoir joué au jeu, je vous vous dire que c'était plutôt long et complexe. Au final pour les plus malins et patients : un document secret révélant des informations sur la saison à venir.
Enfin pour le bouquet final, que serait une série culte sans ses guest-stars ? Si l'histoire d'Alias ne se prête pas trop à ce genre d'apparition comme pour Friends par exemple, on peut tout de même noter que les stars se bousculent au portillon. Au programme :
Quentin Tarantino, Christian Slater, Faye Dunaway ou encore Roger Moore.

Ainsi, si Alias n'est pas la série parfaite, elle s'en rapproche tout bonnement. En espérant que les quelques défauts se corrigent au fil du temps et ne s'aggravent pas. La série devant compter huit saisons, croisons les doigts.